Prochain reportage : à définir

lundi 23 mars 2015

Interview de Loic Manceau

Moment tant attendu par bon nombre de coureurs, la saison route 2015 a repris ses droits le 01 Mars à Mennecy (91) par la 5ème édition de la cyclosportive Jacques Gouin et à Coulommiers (77). Thomas Kurtzemann (CM Aubervilliers) a été ainsi le premier coureur de la saison à lever les bras en Seine et Marne. Présent sur la plupart des courses de la région parisienne, Vélostar.fr s’est entretenu avec le jeune reporter sportif et ancien coureur, Loic Manceau.

Attirer des gens vers le cyclisme en compétition est de plus en plus compliqué

Crédit photo Sam Photographie
Vélostar : Loic, tu as assisté, entre autre, aux présentations des équipes du CM Aubervilliers, Team Peltrax et AS Corbeil Essonne. Selon toi, quelle équipe semble le mieux armée pour cette saison à venir ?
Loic Manceau : Il est relativement difficile de pouvoir dire si telle ou telle équipe est la mieux armée pour briller sur la saison 2015, Chacune des trois formations  franciliennes de niveau DN a un groupe de qualité, Le CM Aubervilliers 93 par exemple présente un effectif jeune mais qui a toute la saison pour apprendre au coté de l'ancien professionnel Boris Zimine. Même constat pour le Team Peltrax-CSD avec les  ex-pros Romain Lebreton, Clément Lhotellerie et Samuel Plouhinec qui apportent leur expérience au groupe. Enfin l'AS Corbeil-Essonnes a fait de son groupe un vecteur de cohésion important.

Vélostar : Et si nous devions retenir une individualité, quel coureur serait à suivre?
L.M: Il est facile de sortir du lot Fabio Do Régo (AS Corbeil-Essonnes), trois courses, trois podiums dont une victoire pour sa première saison en 1ère catégorie, qui dit mieux ? C'est surtout un coureur qui a une progression constante chaque année, Dans le même registre en 2e catégorie il y a Baptiste Bleier (Team Peltrax-CSD). Après sur une saison chacun a un pique de forme qui diffère en fonction des objectifs, les hommes de mars ne seront pas toujours ceux de septembre,  j'aimerai bien qu'un coureur chez les juniors comme Pierre Valette (EC Montgeron-Vigneux) passe un cap, de même pour Jonathan Machado (Paris Cycliste Olympique) en 3e catégorie.

Vélostar : Le cyclisme se porte bien en Ile de France chez les professionnels. Grégory Baugé, champion du monde de vitesse en février dernier et Tony Gallopin, maillot jaune et vainqueur d’étape sur Paris Nice en sont les exemples. Que conseillerais-tu pour des jeunes qui entament leur 1ère saison au sein des rangs amateurs ?
L.M : Je ne suis pas le mieux placé pour donner des conseils (sourires). Pour moi  l'essentiel est de se faire plaisir dans sa pratique de la compétition. La notion de jeune reste quand même vaste, à partir de quand considère-t-on que l'on est vieux ? La progression d'un coureur sera variable en fonction de ses objectifs et de sa motivation. Un coureur qui a de l'ambition dans ce sport devra néanmoins être consciencieux, à l'écoute de son entraineur, de ses dirigeants, de ses proches, de sa famille, tout en ne se prenant pas la tête.

Vélostar : Cyclocross, piste, quel est le meilleur moyen pour débuter la saison ?
L.M : Les deux, vous avez l'exemple d'un coureur comme Fabio Do Régo qui a couru sur piste cet hiver tout en étant performant sur la route dès le début saison, Idem pour  Matthieu Legrand ou Tanguy Turgis (US Métro-Transports) en cyclo-cross ,  qui dès leur première course en 3e catégorie se sont mis en avant. Il faut faire en fonction de ses affinités si on veut pratiquer une activité cycliste complémentaire à la route. Mais faire une coupure en touchant à d'autres pratiques sportives peut également être un bon point pour éviter la saturation et l'overdose de vélo.

Vélostar : On parle souvent de ces trois disciplines phares. Il en existe aussi des peu connues  comme le BMX, dont les deux premières manches de la Coupe de France auront lieu le week end prochain à Saint Quentin en Yvelines. Peux-tu nous parler de cette discipline ?
L.M : C'est vrai que le BMX manque quelques fois de reconnaissances médiatiques, Les personnes qui pratiquent en général le cyclisme sur route sont peu ouverts à voir ou même à essayer cette disciplines à quelques exceptions. Pourtant elle est très en vogue actuellement et il suffit simplement de regarder les effectifs chez les jeunes pour constater qu'ils sont plus conséquents dans le BMX que dans le cyclisme traditionnel. L'engouement et les mentalités y sont aussi différents  voire rafraichissants sur certains points.

Vélostar : Un mot sur le manque des courses en Ile-de-France cette année en FFC ?
L.M : Triste constat, malheureusement de voir des organisations prendre leur place dans le cimetière des courses disparues pour différentes raisons;  le cout élevé d'organisation difficilement supportable pour certains clubs, les non-autorisations préfectorales du jour au lendemain, le manque de bénévoles. Autre point, certaines courses disparaissent aussi par manque de coureurs, ces derniers privilégiant quelques fois une organisation hors d'Ile-de-France pour X raisons, aussi. Il y  a une certaine logique, au fil des années il y a de moins en moins de coureurs en 1e, 2e, 3e catégorie, juniors donc par adéquation moins de courses.

Vélostar : et sur La baisse des effectifs en 2e et 3e catégorie ainsi que chez les juniors ?
L.M : Oh oui c'est inquiétant, on ne va pas se mentir, A tout casser cette année le peloton junior doit être de 60-70 coureurs, Sur le lot combien iront ensuite garnir les rangs des équipes 1e et 2e catégorie d'Ile-de-France ? Probablement un quart voire un cinquième c'est trop peu… La 3e catégorie d'aujourd'hui est en train de devenir la 2e catégorie d'il y a quelques années et la 2e catégorie une catégorie « 2+ ». Actuellement le niveau D1 est en train de devenir ce qui devait être le niveau 3e catégorie de base avec une course au moins dans la région tous les dimanches et des pelotons fournis.

Vélostar : Tu penses qu'il pourrait y avoir des solutions  pour attirer des nouveaux licenciés ?
L.M : Il pourrait y en avoir, comme développer des formats hybrides entre la route et la piste, des sortes de  relances de piste en milieu urbain qui pourraient attirer un nouveau public, mais je ne sais pas si ce genre de format marcherait. On ne va pas se mentir, attirer des gens vers le cyclisme en compétition est de plus en plus compliqué. Soit les personnes ont débuté dans une autre discipline et ont voulu gouter au cyclisme sur route, soit elles viennent par hasard. Le cyclisme en compétition est un beau sport, une belle école de la vie, mais qui n'est pas forcément accessible à un grand nombre financièrement et puis au niveau du temps que cela engendre sur sa vie familiale, sociale et professionnelle.

Vélostar : Un mot sur les derniers Championnats du Monde à Saint-Quentin-en-Yvelines ainsi que sur la Cipale ?
L.M : Les Championnats du Monde sur piste de Saint-Quentin-en-Yvelines on été un véritable succès populaire et sportif. Avec sept médailles il n'y a pas eu vraiment de fuite dans la toiture du sous marin français (sourires). Maintenant pour le cyclisme amateur, on peut regretter qu'il n'y ait pas plus d'organisations l'hiver sur ce vélodrome. Le CSM Clamart l'avait fait avec un certain succès. On espère également le retour rapide de la Cipale en activité dans le paysage francilien. Les coureurs ont besoin de cet outil qui fait partie du patrimoine du cyclisme sur piste français tout simplement.

Vélostar : L'année commence plutôt bien aussi pour les coureurs professionnels Franciliens, non ? 
L.M : On a de la chance en Ile-de-France d'avoir des coureurs de qualité qui se mettront en évidence à un moment de la saison comme l'a fait récemment Tony Gallopin sur  le dernier Paris-Nice ou Milan-San Remo. Tous ont les moyens d'accrocher une victoire à leur palmarès dans des registres bien différents Yoann Offredo, Jimmy et Anthony Turgis sur des courses d'un jour, Kévin Reza sur des arrivées en petit comité lors d'épreuves au profil escarpé, Kenny Elissonde et Stéphane Rossetto lorsque la route s'élève un peu plus, Concernant les équipes continentales, on a vu que l'Armée de Terre et Auber 93 n'étaient pas à la rue en ce début de saison, bien au contraire, nul doute qu'ils continueront à rivaliser avec des équipes dites de rang supérieur, voire plus.

Vélostar : Que penses-tu des deux cyclosportives la Jacques Gouin et Velostar ?
L.M : C'est actuellement les deux seules cyclosportives en Ile-de-France et elles attirent toujours autant de monde, On retrouve trois profils de coureurs sur ces deux épreuves, Le compétiteur  qui veut remporter l'épreuve, le compétiteur en petite forme qui s'appuie sur la manifestation pour accumuler du rythme et  des kilomètres et le passionné de cyclisme qui veut rouler en peloton de masse tout en découvrant des paysages. Eric Ramos et sa solide équipe de bénévoles nous concoctent toujours une organisation de qualité qui j'espère perdurera dans le temps.

Pour finir, j’ai cru comprendre que tu te lancerais prochainement dans la création d’un site internet. En quoi consisterait-il ?
L.M : En effet, c'est un projet qui est en cours de réalisation, mais je ne préfère pas en dire plus pour le moment tant que rien n'est officialisé, mais on va essayer de faire quelque chose d'attractif, novateur, tout public.

Propos recueillis par Nicolas Vaucouleur