Prochain reportage : à définir

lundi 23 septembre 2013

Interview de Boris Zimine


Nouvelle rubrique sur le site du Comité d’Ile-de-France, (cif-ffc.org), Radio Peloton redonne goût aux nostalgiques du défunt  Ile-de-France, disparu en 2008. Dans le prochain numéro du Radio Peloton, on retrouvera notamment une interview d’un coureur ayant fait ses classes depuis l’école de cyclisme en Ile-de-France, Boris Zimine, 23 ans, professionnel aujourd’hui au sein de la formation Roubaix- Lille- Métropole . Interview que vous pouvez découvrir en exclusivité et intégralité.


« Je suis déjà tourné vers 2014»

Pur produit de la formation francilienne, passé notamment par le CSM Puteaux, Argenteuil Val de Seine 95, l’OC Val d’Oise, le CSM Epinay et le CSM Villeneuve-la-Garenne, Boris Zimine, est professionnel depuis deux saisons, au sein de la formation Continentale, Roubaix-Lille-Métropole. A 23 ans, le coureur originaire de Sartrouville (Yvelines) a accepté de se confier après une année 2013, jusqu‘à maintenant « de galère » mais qui commence à retrouver un peu de couleur avec une 19e place, le 8 septembre au Grand Prix de Fourmies (Nord).

crédit photo Aurélien Regnoult

Loic Manceau : Boris, on peut dire que 2013 est une année noire pour toi pour le moment?
Boris Zimine : En effet, 2013 est une année noire pour moi. Mais plus que 2013, cela fait 4 ans que je galère pas mal. Depuis 2009 j'ai enchaîné plusieurs soucis de santé : cartillage du genou abimé post traumatique en 2009, fracture tibia et gros traumatisme cranien après m'être fais renversé par une voiture début 2010, problèmes hépatiques en 2011, et pour finir cette fameuse endofibrose bilatéral iliaque dont je souffre depuis 2012 et que l'on m'a enfin diagnostiqué début 2013.

L.M : Rappelle nous, comment cette blessure s'est produite ? 
B.Z : Cette pathologie est en fait une pathologie propre au cycliste en général. L'endofibrose est un rétrécissement des artères causé par la position atypique du cycliste sur son vélo. Un dépôt se fait dans les artères, ce qui a pour conséquence de boucher les artères iliaques, qui transmet l'oxygène nécessaire aux muscles des jambes. Plus on a commencé le vélo jeune et plus on y est sujet. L'endofibrose est souvent unilatéral, mais me concernant, j'ai été touché au niveau des 2 jambes.


L.M : Et les récidives c'était du à une opération mal soignée ou un mauvais diagnostic de base ? 
B.Z :J'ai été opéré début février (le 8 février à gauche, puis le 12 février a droite) de mon endofibrose bilatéral. A la suite de ça j'ai du observer 30 jours de repos total puis une reprise progressive des activités physiques (vélo et natation principalement) avant de commencer réellement l'entrainement début avril. Malheureusement, depuis cette opération je n'ai ressenti aucune amélioration, et j'ai refais des examens dernièrement qui ont révélé que j'ai surcicatriser. Mon organisme a réagi a l'extrême en cicatrisant plus que de coutume. La cicatrice interne étant trop grosse, elle a le même effet que l'endofibrose, bouchant une partie de mes artères. J'ai donc été opéré pour la 3ème fois mardi 13 aout, afin de pratiquer une hyperdilatation artérielle suivi de pose de stents, permettant de laisser mes artères aux dimensions "normales". Cela résulte donc ni d'un mauvais diagnostic, ni d'une opération mal soignée mais plutôt d'un cas rarissime. Cette fois-ci l'opération était beaucoup moins lourde, j'ai repris le vélo le 16 août par 1h d'home trainer et je vais augmenter très rapidement le contenu et le contenant...


L.M : Qu'est ce qui est le plus dur pour toi dans ce cas là ? La frustration de ne pas courir ? 
B.Z : C'est dur de voir ses collègues courir, surtout après tant d'effort et de sacrifices. J'ai vraiment vécu les 6 derniers mois comme un calvaire et suis plutôt fragile psychologiquement depuis février. Je me suis entraîné comme un forcené pour retrouver mon niveau, en vain, puisque je ne possédais toujours pas la totalité de mes capacités physiques. J'espère enfin voir le bout du tunnel.


L.M : Tu as reçu beaucoup de soutien durant ta convalescence ?
B.Z : Le soutient, je l'ai surtout reçu de la part de ma famille, principalement mes parents, qui ont vraiment été présent au quotidien. Mes amis proches et mon entraîneur Julien Pinot ont été très présents aussi. L'équipe de Roubaix Lille Métropole a elle aussi été exemplaire et ont été sympas vis à vis de moi. Pour le reste, je dirai que c'est surtout dans ces périodes la que l'on se rend compte combien la société est cruelle. Quand tout va bien, on ne manque pas d'amis, mais dans le cas contraire, on est vite esseulé et/ou montré du doigt. On a beaucoup de connaissances, mais des personnes sur qui compter, ils se comptent sur les doigts des mains, et encore... Mais çà, ça fait quelques temps que je l'ai compris malheureusement.


L.M : Tu fais partie d'une génération prometteuse du cyclisme français 1990-1991, qu'est ce qui fait, selon toi, que cette génération soit aussi prometteuse ?
B.Z : Il est vrai que la génération 1990-1991 est vraiment très talentueuse. J'irai même jusqu'à dire que celle de 1990 est vraiment impressionnante, bien plus encore que celle de 1991. Pinot , Bardet, Bouhanni, Lebon, pour ne citer qu'eux ont vraiment déjà réalisé de grosses performances chez les pros , et ont certainement un avenir radieux , si on leur laisse le temps de progresser et d'arriver à maturité. Je ne pense pas qu'il y ait une explication logique et rationnelle pour expliquer une telle densité pour une seule et unique génération. Par contre, ce qui est certain, c'est que tout les progrès qui ont été fait ces dernières années en terme de lutte antidopage permettent de réduire l'écart qui séparait les néo-pros des coureurs expérimenté dans les années 90 – 2000.

L.M : Est-ce difficile aujourd'hui d’être un jeune, par l'age, professionnel en France ?
B.Z : C'est vrai qu'en France, on a vite tendance à en demander beaucoup, très vite, et trop tôt. Dés lors qu'un coureur fait un résultat où montre des prédispositions intéressantes, on le présente très rapidement comme le futur vainqueur du Tour de France, par exemple. Malheureusement, ce sont surtout les médias qui mettent beaucoup de pressions à ces jeunes coureurs qui sont déjà parmi l'élite du peloton. Les directeurs sportifs ou les experts cyclistes sont eux souvent beaucoup plus lucides et plus "patient". Encore une fois, il faut être bien entouré, c'est certainement une des clés de la réussite. Non, je ne pense pas. Déjà on à la chance de pouvoir passer professionnel "plus facilement" car il y a beaucoup plus d'équipes professionnelles que par le passée.

L.M : Comment va se passer cette fin de saison pour toi ?
B.Z : Je ne sais pas si on peut appeler ca "fin de saison". J'ai l'impression qu'elle n'a réellement jamais vraiment commencée. Je n'ai couru que de début juin à fin juillet, soit à peine 15 jours de courses. Si tout se passe bien, j’ai repris la compétition fin août, en septembre, beaucoup de courses d'un jour  sont prévus comme le GP Isbergues, voir Paris-Tours à la mi-octobre.

L.M : Avec quels objectifs iras-tu en cette fin de saison ? 
B.Z : L'objectif principal sera tout d'abord de me rassurer. Retrouver des sensations et du plaisir sur un vélo. Rassurer aussi mon employeur, pour leur montrer qu'ils peuvent compter sur moi pour 2014. Dans ma tête, je suis déjà tourné sur 2014. Une chose est sûr j'ai faim, très faim...

L.M : On sait qu'une saison cycliste aujourd'hui dure de Janvier à Décembre, est ce qu'il est prévu que tu disputes des tours un peu plus exotique en fin de saison ?
B.Z : Je ne sais pas, tout dépendra des couleurs que je défendrai l'an prochain. Si j'ai encore la chance d'être coureur professionnel en 2014 je ne prendrai pas part a des courses "exotiques", préférant couper psychologiquement avec le vélo une dizaine de jours une fois la saison finie , avant de me préparer au mieux pour attaquer 2014 en pleine forme et enfin montrer mon potentiel. J'y crois toujours, et à chaque fois que je vois mes ex collègues de l'équipe de France tutoyer le haut des classements, j'y crois encore un peu plus. Je veux montrer que j'ai ma place parmi les pros, et bien plus haut que ce que je ne suis actuellement.


LM : Et l'année prochaine, on continuera à te suivre sous les couleurs de Roubaix Lille Métropole ?
B.Z : Je ne sais pas encore. J'en saurais sûrement un peu plus courant septembre. L'idéal serait de réussir à faire quelques placettes ou faire de belles courses d'ici la fin de saison, pour rassurer mon équipe quand à la possibilité que je retrouve mon niveau antérieur. Je vais donc continuer de travailler, jusque’à la fin de saison, pour ne pas avoir de regrets envers moi-même...

L.M : Dernière question, est-ce qu'il est possible que l'on te revoit davantage courir cet hiver en cyclo-cross, dont tu étais parmi les meilleurs spécialistes français de ta génération ?
B.Z : Je vais faire du cyclo-cross cet hiver, c'est une certitude. Maintenant, je ne sais pas encore combien et à quel niveau. Encore une fois, tout dépendra des 2 prochains mois. Mais je pense que je reprendrais plus rapidement le cyclo-cross que les 2 dernières saisons où j'ai délaissé cette discipline. Mi Novembre, je serai déjà sûrement au départ d'un cyclo-cross. Pas dans l'intention d'être performant, mais surtout pour travailler dur avec pour objectif de réaliser un gros début de saison sur route en 2014.